La partie débute. La poignée lâchée. Ne pas rater cet instant.
Un râle, ou le claquement sec du métal, c’est selon.
Lancé à cent à l’heure dans le tourbillon de la vie !
Le hurlements du nourrisson, la musique nasillarde… et la lumière ! Brûlante, intense. Aveuglante.
Puis le glissement le long de la rampe. Cette jeunesse, insouciante jeunesse, déroule à une vitesse effrénée. Les images défilent de tous côtés. Les chiffres, les mots, les sons. Tout ingurgiter, mémoriser, restituer. Le compteur, lui, avance invariablement.
Premier choc. La bille heurte un obstacle. Impact mou. Caoutchouc. Moment d incertitude. Flottement. L apprentissage passe par une série de contacts sourds, étouffés…
On heurte des personnalités déroutantes, on tombe même amoureux parfois. Par dépit. Ou illusion d’optique. Sans savoir dans quelle direction nous allons repartir. Sur quel pied. Avec quel angle.
Des relations amorties, sans vagues sublime ni rebond salvateur. Langueur inutile. Le compteur indique un gain nul. Voir une pénalité. Un avertissement.
Malgré tout la partie avance sans relâche. Sur le tableau d’affichage les points défilent comme les années passent.
Parfois il arrive que la bille d ‘acier tape sur un corps dur, métallique, polarisé. Reste aimantée. Un magnétisme implicite. Le fluide passe. Tant que le courant circule, que l énergie est là, le contact se fait. En un point unique, à la perfection. Dans le cas contraire c’est la séparation. Sans élan. Chacun est de nouveau soumis à la loi de Newton. Invariable constante terrestre qu’il vous faut accepter.
Par moments, brutalement les pôles s’inversent. Instantanément. Et c est le rejet. Le court circuit. Violent. Toute tentative de rapprochement fait naître une contrainte invisible empêchant tout contact.
Toujours cette lumière, les néons de la ville, les feux des voitures, les étoiles dans le ciel.
Toujours ce bruit. Electro sublime, assourdissante, klaxons, tv, silence.
Puis la bille entre dans un tunnel. Sombre. On ne distingue rien pourtant elle avance. Sans choix. Comme sur des rails. Elle est guidée.
On s approche du précipice. Le grand écart entre deux palettes mobiles. On a beau les agiter frénétiquement, la bille se dirige invariablement vers ce trou béant. Le néant. Le vide. Une agression ? Un viol, un suicide. Ce que l’humain sait faire de mieux pour se réduire au néant. Que peut on faire ? A t’on vraiment envie d’infléchir cette trajectoire ? Il y a t il vraiment quelque chose à sauver ? Quelle victoire mérite autant de souffrance ?
Dans un ultime sursaut un choc extrême. Rédemptoir. Et c est le Tilt. Tout se fige. Un choc inouï. Le temps s arrête.
Du bout d’un bras la bille est portée in extrémis et part avec un angle improbable. A l horizontal.
En défiant toutes les lois de la physique.
Le vide a été évité in extrémis. Le game over pour plus tard. Pour le moment le record est à battre mais le flipper encore sonné…
Soyez le premier à commenter