Cela ne pouvait se passer que comme ça… Pour me rendre à ce trail, j’ai pris le dernier vol du soir pour Genève. Une petite nuit courte, trop courte même et un accueil chaleureux chez mon pote Jeremy….
Partir avec des idées claires mais un genou en vrac. Partir après un début d année franchement mouvementé. Partir alors que de la neige à 800m est prévue en plus de températures pour le moins hivernales…
Oui. Partir…
Courir.
Encore.
Marignier, 74, 9h00 du mat. 250 coureurs s’ébrouent après un briefing météo franchement détendu (c est la montagne, donc conditions de montagne, pas de moralisation, chacun prend ses responsabilités).
Devant, beaucoup de grands noms du trail, malgré le côté familial, confidentiel et bon enfant de celui ci ! Le train est rapide voir très rapide, comme à chaque fois. Un groupe de 10 se détache, je les suis de loin avec d’autres sur les lacets qui s’élèvent au dessus du village. Je sais déjà que ces 10 là je ne les reverrai plus ! Dans la forêt, petite erreur de parcours. On perd quelques minutes seulement, mais d entrée ça énerve un peu car l effort produit pour se détacher du peloton devient inutile. On piétine un peu derrière des traileurs que l on s’était efforcé de doubler dans les premières difficultés…
Cette bosse est toutefois vite avalée, je passe dans les 15 aux premiers contrôles. J hallucine sur le niveau global des gens autour de moi. Pourtant bien entraîné il m est difficile de creuser des écarts.
C’est un trail montagne, avec des gars affutés, qui sortent tous, plein de globules, de leur saison de ski de rando !
Première descente, fantastique. Je vole, je glisse, je tombe. La vitesse de descente est vertigineuse pour de la course à pied. On alterne neige profonde, boue, sous bois et pistes roulante. C est casse gueule mais pas cassant. Le sentier est ludique et l itinéraire alpin.
On court dans le brouillard pour parfois percer cette fine couche de bruine et apercevoir le relief aux alentours ! Je commence à sérieusement sentir mon genou. Les portions de plat, ma bête noire, semblent s étendre au delà du raisonnable. De nombreux coureurs à la foulée plus « marathonienne » me passent avec élégance.
La montée au petit môle, quasi 1400m d affilés sera un sacerdoce. Mes jambes sont la mais j ai mal au genou et je ressens cette fatigue générale que j ai accumulé ces derniers mois. Je suis assez vide. Mon rythme cardiaque ne décolle plus. Je dois forcer pour tenir une cadence correcte et éviter de trop me faire doubler.
Et puis à cet instant, le déclic. Un traité de non violence. A l’image de cette course à l ambiance si particulière. Aujourd’hui plutôt que le chrono, je vais chercher à me faire plaisir. A la cool. Je relâche une partie de la pression et je regarde autour de moi. J arrive sur l arrête du petit môle, magnifique. Et en marchant !
Un unique panorama s’ouvre devant nous, mer de nuage, brumes déchirées, neige, verdure. On ne peut savoir si nous sommes au printemps, en plein hivers ou à la fin de l automne. A force de regarder le paysage, je chute à deux reprises sur de la boue sournoise, sur laquelle rien n accroche. Je rigole seul, repeint comme en enfance. La dernière descente se profile.
Étant passé dans les 50 au dernier check, (ce que je considère comme médiocre) je décide de me lâcher un peu et de dévaler ces 1500m rapidement. Tant pis pour mon genou. Je double 11 personnes en sautant de rochers en racines et de racines en névés. Je passe sous le porche de l école primaire en 4h32. Insatisfait de mon classement mais paradoxalement vraiment ravi de ma journée. Le buffet, composé de plats amenés par les coureurs eux-même est somptueux. Il y a de tout. C’est fait maison c est frais c est bon… Je me douche dans la fontaine, je reprends ma voiture de loc et à 18h je suis de retour à Paris. Epuisé. Heureux.
Autant je ne suis pas sur de bien juger de tes exploits sportif , autant je suis certain que tu devrais contacter des magazines de trail car tes petites bafouilles sont excellentes.
C’est vraiment bien écrit !
Tu devrais approfondir de ce côté.